La « Rice Hull House »

Bâtir en Balles n’existerait peut-être pas sans la « rice hull house », construite en 2004, en Louisiane, aux Etats-Unis. Le constructeur de cette maison imaginait à l’origine faire une maison en bottes de paille et son choix s’était porté sur la paille de riz, plus résistante à l’humidité que les autres paille (taux de silice élevé). En cherchant cette paille, il a découvert la balle de riz, pour laquelle il a finalement opté.
Le constructeur a fait réaliser des essais en laboratoire sur la balle de riz aux Etats Unis et les a mis en ligne sur internet, ce qui a permis à Pierre Delot de recueillir des premières données techniques sur ce matériau, et de se convaincre de la pertinence du travail à mener sur ce
matériau.

Rice Hull House (Louisiane, 2004)

Quelques années plus tard, à la suite des échanges avec Archibale isolation, qui travaillait sur la valorisation de la balle de petit épeautre en isolation, Bâtir en Balles voyait le jour.

Plus d’infos sur la « rice hull house » en cliquant ici.

Remplissage des planchers bas

Le retour d’expérience de chantiers réalisé sur la balle de riz et sur la balle de petit épeautre a montré que l’isolation en vrac des planchers bas décollés du sol faisait partie des deux techniques les plus répandues sur les chantiers.
Ceci provient en partie du fait que cette paroi n’est pas traitée dans les règles professionnelles construction paille, et puisque les balles sont très pratiques pour ce type de parois (déversement facile, prétassement par simple foulage au pied, épaisseur de plancher au choix, entraxe des ossatures bois non imposé, robustesse à l’eau de la balle, …).

Les balles permettent aussi de palier au côté chronophage de certaines découpes des bottes de pailles ou plus généralement des isolants semi-rigides/rigides et de palier à la complexité du passage de gaines dans des isolants rigides. Rien que pour ça, le vrac, c’est pratique !

Le DTU 51.3 est le document de référence pour la réalisation de « planchers en bois ou en panneaux à base de bois » décollés du sol. Il convient de s’y référer. Notre travail est de vous aider à réaliser le remplissage isolant de ces planchers. Le DTU prévaut sur ce que vous pouvez lire dans la documentation rédigée par nos soins pour tous les aspects non liés au remplissage isolant. La vidéo suivante vous présente la réalisation d’un plancher bois.

Voici quelques exemples de chantiers avec remplissage de planchers bois avec des balles en vrac (100% de balle).

Isolation d’un plancher bas en balle de riz (Loire) - Autoconstruction
Isolation d’un plancher bas en balle de riz (Hautes Alpes) – Paillemen
Isolation d’un plancher bas en balle de riz (Hautes Alpes) – Autoconstruction)
Isolation d’un plancher bas d’une maison en paille, en balle de riz (Hautes Alpes) – Autoconstruction
Plancher rempli en balle de petit épeautre (Var) – Daniel Bayol (DB Chanvre)
Isolation d’un plancher bas en balle de riz livrée en big bag, sur chantier (entreprise Bonnefont)

Nous avons rédigé des « fiches de préconisation de mise en œuvre ». Merci de vous y référer. Elles sont accessibles ici.

Avec le vrac, il est aussi possible d’utiliser des chutes d’isolants rigides, des gerbes de lavandes, des tranches de paille, etc … dans les planchers et de compléter l’isolation avec des granulats vrac. Vive le réemploi !
En fin de vie de la paroi, les deux matériaux pourront très facilement être séparés (séparer une fibre et un granulat est possible par simple tamisage) et possiblement resservir sur d’autres chantiers.
Pour anticiper le risque dégât des eaux, nous conseillons d’utiliser les balles seules à proximité des réseaux fluides et au droit des traversées de plancher.

Isolation d’un plancher en paille, avec remplissage en balle de riz des travées avec passage de gaine (Hautes Alpes) – Paillemen
Isolation d’un caisson de plancher en formation, avec remplissage 100% balle au niveau des passages de gaine et avec un mélange « tranche de paille + balle » en partie courante du plancher

En rénovation, par exemple entre des lambourdes, il est possible d’isoler avec des balles. Dans ce cas de figure (faible épaisseur), les balles serviront de correcteur thermique. Les balles peuvent aussi être des alliés pour isoler des formes de planchers de bâti ancien irrégulières, comme les voûtes des caves.

Isolation entre lambourdes sous un parquet, en balle de riz (Alpes de Haute Provence) - Autoconstruction
Isolation d’un plancher sur cave voûtée, en balle de riz (Hautes Alpes) - Autoconstruction

Remplissage des planchers intermédiaires

Les balles étant essentiellement utilisées pour l’isolation thermique (et pas acoustique), l’isolation des planchers intermédiaires est une technique aujourd’hui peu développée. Comme pour les planchers bas, il est possible d’utiliser des chutes d’isolants rigides, des gerbes de lavandes, … dans les planchers intermédiaires et de compléter l’isolation avec des balles. Comme pour les planchers, utilisez de la balle nettoyée !

Isolation d’un plancher intermédiaire en balle de riz (Hautes Alpes) – Autoconstruction

Nous avons rédigé des « fiches de préconisation de mise en œuvre ». Merci de vous y référer. Elles sont accessibles ici.

Remplissage des combles perdus

L’isolation des combles perdus est une technique qui se pratique beaucoup en rénovation, mais très peu de chantiers sont isolés avec des balles. Dans le neuf aussi, cette technique est répandue, mais assez peu en écoconstruction. Ne sachant jamais si les combles sont véritablement inaccessibles aux rongeurs, nous ne conseillons pas d’isoler les combles avec des balles. Il existe des alternatives aux balles, comme la ouate de cellulose, qui présente l’avantage d’être une technique sous DTU. L’état du plancher des combles est lui aussi régulièrement sujet à questions, et ce d’autant plus que la balle est un matériau lourd. Dans tous les cas, comme pour toutes les autres parois à isoler, il est impératif de travailler avec de la balle nettoyée.

Malgré ce qui vient d’être dit, si vous avez bien vérifié ces deux points, vous pouvez tout à fait isoler vos combles avec des balles nettoyées et nous avons rédigé des fiches de préconisation de mise en œuvre dédiées aux combles perdus. Merci de vous y référer. Elles sont accessibles ici. Vous trouverez aussi dans ce même lien le retour d’expérience réalisé par l’AQC sur l’isolation des combles perdus (tous isolants confondus).

Remplissage des toitures

Avec l’isolation des planchers, l’isolation des toitures et des toitures terrasses sont les techniques les plus plébiscitées sur les chantiers de construction. La masse volumique élevée des balles est un atout pour lutter contre les chaleurs estivales, tout en apportant un niveau d’isolation important permettant de limiter les consommations d’énergies en hiver.

En été, la toiture est la paroi la plus chaude d’un bâtiment et la température moyenne de l’isolant utilisé peut dépasser 30°C. C’est sur cette paroi qu’un maximum de précautions doivent être prises en terme de qualité de balle utilisée (utiliser de la balle nettoyée) et en terme d’herméticité des caissons (côté chauffé/habité du bâtiment). De même, une bonne ventilation naturelle doit être assurée au dessus du caisson isolé afin de réduire au maximum la température de la balle, que ça soit pour lui faciliter le travail en terme de confort d’été et pour éviter le risque de développement d’insectes. En effet, la chaleur est un facteur favorisant le cycle reproductif des insectes. Quelques insectes ont pu trouvé refuge dans la balle avant sa mise en œuvre et ont pu y déposer quelques œufs (la balle n’est généralement pas traitée). La balle nettoyée n’est pas en soi appétente (elle a été purgée de ses grains), mais il restera toujours un reliquat de poussière dans la balle nettoyée, et cette poussière peut contenir un petit pourcentage de farine. Ces insectes et leurs descendants ne doivent pas pouvoir sortir des caissons. S’ils sortent, c’est que l’intérieur du caisson n’est plus un environnement compatible avec leur survie et leur reproduction. La performance isolante n’est absolument pas impactée par leur présence. Les voir sortir des caissons et apparaître dans l’espace habité est paradoxalement bon signe, malgré le désagrément passager occasionné. Aspirez-les et le problème se règlera de lui-même. Lorsque les températures extérieures diminueront, le cycle reproductif des insectes sera fortement rallongé. Il est possible que l’été suivant, on voit apparaître à nouveau quelques insectes dans des proportions moindres (ceux qui auront survécu ou éclos dans les caissons). La question sera alors réglée pour toute la durée de vie du bâtiment.

En toiture, le poids de l’isolant est parfois une contrainte, comme en zone montagne, lorsque la conception des toitures doit prendre en compte le poids de la neige. Les balles font partie des matériaux lourds. Certaines entreprises font alors le choix de ne pas surdimensionner leurs ossatures et d’utiliser un matériau plus léger comme la ouate de cellulose, qui sait elle aussi assurer un niveau de confort élevé 365 jours par an.
Nous avons rédigé un document dédié à l’isolation des toitures. Merci de vous y référer. Il est accessible ici.

Toiture remplie en balle de petit épeautre (Drôme)
Isolation d’une toiture en balle de riz (Hautes Alpes) - Autoconstruction
Toiture terrasse d’un atelier de cuisine rempli en balle de riz (Bouches du Rhône) – Association Le Village + APTE / photo Jean Terrier
Toiture terrasse d’un atelier de cuisine rempli en balle de riz (Bouches du Rhône) – Association Le Village + APTE / photo Jean Terrier
Soufflage de balle de riz en toiture (Hautes Alpes) – Paillemen
Toiture terrasse d’un atelier dans un écohameau remplie en balle de riz (Alpes de Haute Provence)

La mixité des isolants au sein des toitures est elle aussi réalisable. Pensons au réemploi des isolants dès maintenant et mettons- le en application sans délai !

Toiture mixte (tranche de paille de blé + balle de riz (Vaucluse) – chantier participatif

Remplissage des murs à isolation répartie (neuf)

Imaginerait-on construire une maison en paille sans utiliser la paille pour l’isolation des murs ? Il y a de grande chance que non. Pour les balles, c’est un peu la même chose, alors que les balles s’accoutument très bien avec l’anonymat de l’isolation des planchers et des toitures. Vivons heureux, vivons caché !
L’isolation (répartie ou non) des murs est plus technique à cause du risque de tassement de l’isolant (gérable par un prétassement à la mise en œuvre), de la gestion des points singuliers et du nombre de parois vitrées qui donnent vie au bâtiment, mais qui augmentent le nombre d’interfaces à gérer et qui peuvent être sources de défauts d’étanchéité à l’air ou à l’eau.
L’isolation des murs en balles est aujourd’hui pratiquée à la fois sur chantier et en préfabrication, avec des finitions enduites ou sous forme de panneaux industrialisés.

Dans tous les cas, il est indispensable d’utiliser de la balle nettoyée et de gérer parfaitement l’herméticité des systèmes de fermeture des caissons d’isolation côté chauffé, afin de se prémunir de tout risque de passage d’insectes vers la partie chauffée / habitée du bâtiment.

Nous conseillons aux néophytes de d’abord se faire la main avec les balles en planchers ou toiture pour bien comprendre le fonctionnement de ces matériaux, avant d’isoler un mur. Les murs avec acrotères font exception, puisqu’ils présentent l’avantage de régler la question du niveau de prétassement à réaliser à la mise en œuvre pour éviter l’apparition de ponts thermiques.

Nous avons rédigé un document dédié à l’isolation des murs à isolation répartie. Il est accessible ici.

Isolation en balle de riz avec fermeture des parois avec des paillassons de roseaux agrafés sur l’ossature (Bouches du Rhône) – insertion par l’emploi
Mise en place de caissons préfabriqués en atelier (Hautes Alpes) - Entreprise Bonnefont

Autres types d’isolation (ITI, ITE, cloison, sarking) en neuf et en rénovation

L’isolation des murs par l’intérieur (ITI) en rénovation, le remplissage de cloisons, l’isolation par l’extérieur (ITE en mur et en toiture) ne sont pas des techniques couramment pratiquées avec les balles. Seuls quelques chantiers ont été portés à notre connaissance. Peu de retour d’expérience ont donc pu être faits. Nous ne pouvons par conséquent pas vous proposer de fiches de préconisation de mise en œuvre.
Dans tous les cas, vous devez impérativement utiliser de la balle nettoyée pour réaliser ce type d’isolation. Nous insistons plus largement sur ce point dans le cas d’un remplissage isolant en ITI, en cloison et en sarking du fait de la température moyenne de la balle une fois en place (gestion du « risque » d’apparition d’insectes) et de la possible mauvaise réalisation de l’herméticité du système de fermeture de l’isolation à la jonction de panneaux ou sur  la périphérie en cas de finition enduite. Les défauts de réalisation pourraient permettre aux insectes de passer dans la partie habitée du bâtiment isolé. En rénovation, il est parfois plus difficile de travailler soigneusement qu’en construction neuve.

Nous vous renvoyons sur les recommandations professionnelles RAGE (Règles de l’Art Grenelle Environnement) concernant l’isolation par l’extérieur et l’isolation par l’intérieur (en neuf et en rénovation).

Isolation par l’extérieur en balle de riz (Hautes Alpes) – Autoconstruction
Isolation par l’intérieur en balle de riz (Hautes Alpes) – Autoconstruction
Isolation de cloisons en balle de riz (Vaucluse) – Insertion par l’emploi

Les balles sont aussi utilisées en complément d’un isolant principal, comme avec le sarking, une technique qui consiste à faire une isolation par l’extérieur d’une toiture existante, ou pour isoler des lisses hautes de murs isolés en bottes de paille.

Complément d’isolation en balle de riz sur une toiture isolée par l’extérieur (sarking) en bottes de paille (Hautes Alpes) - Autoconstruction
Isolation d’une lisse haute sur chantier en paille porteuse, avec remplissage en balle de petit épeautre (Hautes Alpes) – Paillemen