Purger la balle des grains restants
Pour pouvoir valoriser la balle en écoconstruction, il est nécessaire de dégrainer la balle. En effet, les grains sont à la fois sensibles à l’humidité et appétents. La présence de grains pourrait déboucher sur des désordres liés aux rongeurs (appétence), ainsi qu’aux insectes qui se nourrissent et pondent leurs larves dans les grains : les charançons. En cas d’utilisation en béton allégé ou en cas d’humidité persistante dans une paroi, les grains pourraient avoir envie de germer ou de se mettre à fermenter.
De plus, la raison d’être de l’agriculture est la production alimentaire. Perdre trop de grains ne fait pas sens, d’autant plus que le coût du nettoyage peut être compensé par la récupération des grains, ce qui rend l’opération neutre financièrement.
Autre avantage, en purgeant la balle se ses grains, elle devient compatible avec de nouveaux usages plus exigeants et plus rémunérateurs que les usages agricoles (exemple : remplissage de coussins, isolation). Ainsi, le nettoyage peut s’avérer économiquement intéressant pour les décortiqueurs.
Dépoussiérer la balle
Pour préserver les qualités des graines récoltées, les organismes de stockages les maintiennent à un faible taux d’humidité. La balle est donc un coproduit sec et de ce fait, la poussière présente dans la balle non nettoyée peut irriter la gorge et assécher les yeux. La présence de poussière diminue donc les possibilités de valorisation en rendant le matériau moins agréable à travailler ou à utiliser. Adieu donc la valorisation en coussins.
L’usage en isolation peut tolérer la présence d’un peu de poussière, mais dans des proportions limitées et maîtrisées. Pensons tous à la santé des opérateurs réalisant la mise en oeuvre ! Nous demandons donc aux décortiqueurs de contrôler la proportion de poussière de leur balle.
Les parties fines ne sont pas poussiéreuses. Par contre, leur présence alourdi légèrement la masse volumique de la balle et abaisse ainsi sa performance thermique. Les parties fines sont aussi plus sensibles à l’humidité et au tassement dans le temps. Leur proportion doit être minimisée et nous demandons aussi aux décortiqueurs de contrôler ce point-là.
S'assurer de la qualité de la balle nettoyée
Nous avons défini un cahier des charges destiné aux décortiqueurs, un protocole de contrôle qualité et une nomenclature produit communs à tous les décortiqueurs, afin que les utilisateurs puissent comparer les produits entre eux.
Le cahier des charges permet de définir un niveau de qualité minimal exigé. C’est sur lui qu’on peut faire porter une caractérisation de groupe. Cette caractérisation est nécessaire pour accéder à certaines valorisations, comme l’isolation. A part quelques gros décortiqueurs, personne ne pourrait pas assumer seul les coûts liés à la caractérisation de son coproduit. La réponse passe par le collectif, c’est là qu’on intervient !
La nomenclature produit reprend les informations essentielles : type de balle, masse volumique maximale garantie, proportion de grain maximale garantie, présence d’éventuels traitements additifs). Elle est utilisable quelle que soit la valorisation envisagée. Si vous avez un projet d’isolation, c’est grâce à elle que vous pourrez indiquer dans vos CCTP le type de balle utiliser, et c’est sur cette base que les bureaux d’études pourront calculer les performances thermiques de votre bâtiment.
Le contrôle qualité est lié aux éléments mentionnés dans la nomenclature. Il se veut low-tech et low-cost (pot de yaourt, seau, balance, tamis de chantier). Il est donc réalisable partout et par tous, producteurs comme utilisateurs, et sur les mêmes bases. Vous retrouverez toutes les infos sur le contrôle qualité ici
Les nouveaux usages
Le nettoyage des balles permet d’accéder à de nouveaux usages. Elles arrivent par exemple dans votre salon (remplissage de coussins, balle bio uniquement), dans vos murs (remplissage isolant) et chez votre brasseur (aide à la filtration de la bière).
