La terre allégée, un bon compromis hiver/été

La terre allégée est un compromis entre les consommations de chauffage en hiver et le confort estival. C’est une technique qui est mise en avant par plusieurs acteurs des filières paille et chanvre. Le but est d’alourdir volontairement le végétal à l’aide d’un liant, l’argile, pour le mettre en forme et de servir de support d’enduit. On veille à limiter au minimum la quantité d’argile pour obtenir des bétons allégés présentant de bonnes performances thermiques hivernales et pour éviter le retrait de l’argile au séchage, source de ponts thermiques. En été, ces solutions apportent toute l’inertie dont un bâtiment a besoin pour lutter contre les chaleurs estivales.

Guide des bonnes pratiques de la terre allégée
Livre de Franz Volhard sur la terre allégée
Livre d’Alain Marcom sur le terre/paille
Projection de terre/chanvre par EcoPertica

Les balles ne sont pas traitées dans le guide des bonnes pratiques « terre allégée ». Nous avons rédigé un document pour compléter l’information donnée dans ce guide. Pour télécharger ces informations, cliquez ici.

La terre allégée déversée sèche en vrac, une voie inexplorée

Si l’isolation biosourcée en vrac commence à rentrer dans les esprits, aucune filière n’a réellement creusé la question d’une terre allégée déversée en vrac. Nous nous sommes donc penchés sur la question. Nous avons même fait tester la réaction au feu d’un chocopops de balle de riz.

Réaliser une terre allégée (terre + paille, chanvre, …) directement sur chantier pose des questions de temps de séchage et donc de saisonnalité, ce qui limite le développement de ces techniques. Une réponse possible à cette difficulté est la préfabrication et le séchage en atelier de parois entières. Ça se réalise déjà avec les bétons de chanvre ou de bois (liés à la chaux ou avec du ciment prompt) et est sans doute imaginable en utilisant la terre comme liant de substitution.

Une autre réponse possible est le vrac. Revenons à la notion de fonction. Quelle est la fonction principale d’une terre allégée dans une paroi ? Est-ce de servir de support d’enduit ? Non. Dans ce cas, pour alléger au maximum la terre, il est possible de renoncer à cette fonction et de se dire que la terre allégée sera déversée derrière un coffrage perdu qui assurera cette fonction. Aucune cohésion n’est plus alors demandée à cette terre allégée. La seule chose qu’on souhaite est que le produit déversé dans la paroi soit homogène, qu’il ne présente pas de cavités (sources de convection et de baisse de performance thermique hivernale) et qu’il n’y ait pas de tassement dans le temps.

Le terme « chocopops » recouvre par extension plus largement les granulats vrac recouverts par un liant, quel que soit son type (terre, chaux, plâtre, …). Il peut être issu du réemploi (exemple : briques de chanvre ou carreaux de miscanthus broyés, chaux-chanvre tombé en pied de mur lors de la projection.

Balle de riz nettoyée (à gauche) et chocopops de balle de riz (à droite)
Chocopops de balle de riz trop grossier
Chocopops de miscanthus issu du broyage de carreaux Kellig Emren
Chocopops de balle de petit épeautre nettoyée
Chocopops de chènevotte
Idée : Réemploi sous forme de chocopops du chaux-chanvre tombé en pied de mur lors de la projection du béton allégé

De qui l’idée du chocopops est-elle née ?

De par leur taille modeste, les balles ne permettent pas de réaliser des bétons aussi légers qu’avec la chènevotte ou la paille. Il faut plus de liant pour obtenir la même cohésion. La solution surnommée « chocopops » a émergé de deux têtes, celle de Sébastien Dutherage (Association APTE Mérindol) et celle de Pierre Delot (Association Bâtir en Balles). Sébastien a fait les premiers essais de fabrication de terre/balle de riz déversés humide sur chantier, ce qui a fait germer l’idée de préfabrication de granulats enrobés individuellement de terre chez Pierre.
Le but initial était d’évacuer la question de la saisonnalité et d’abaisser toujours plus la masse volumique d’un terre/balle de riz, pour atteindre les mêmes masses volumiques (et donc des performances thermiques similaires) qu’un terre chanvre banché, voire qu’un terre/paille, mais sous forme de vrac à déverser à sec et avec des balles. Un déversement de vrac à sec permettait aussi de d’isoler facilement des murs de limousinerie en comblant l’espace entre une brique isolante (par exemple) et le mur non rectiligne. C’est le système que propose Kellig Emren avec ses carreaux de miscanthus.

Fabrication de terre/balle de riz mis en œuvre par banchage, par Sébastien Dutherage
Vidéo sur la cohésion du chocopops de balle de riz
Sacs de chocopops envoyés en laboratoire pour essais de réaction au feu

Comment fabriquer le chocopops aujourd’hui et demain ?

En fabricant en été à la bétonnière le chocopops, et en le déversant sur des grandes étendues (parking, route, dalles de hangar, …), sur une
quinzaine de centimètres maximum, le chocopops sèche très vite.
Sa fabrication est réalisable à la bétonnière, et pourquoi pas un jour avec un camion toupie.
Une fois sec, le chocopops peut être mis en sac et stocké pour être utilisé ultérieurement. La masse volumique du chocopops est réglable par simple ajustement des dosages liant-granulat-eau. Ainsi, on peut obtenir une terre allégée déversable à toute saison et une solution pour avancer rapidement sur ses chantiers quelques soient les aléas météo.